Bali | Le volcan Kawah Ijen, à Java

Je n’ai pas fait le Mont Batur à Bali – j’aurais dû rester quelques jours de plus pour le faire – mais je tenais absolument à découvrir le volcan Kawah Ijen, sur l’île de Java. Très connu pour abriter le lac le plus acide au monde et par ses flammes bleues ! Ces flammes sont dues à la combustion des gaz sulfuriques avec l’air (bon, je ne suis pas scientifique..)! Vous ne pouvez les voir que la nuit.

Oui, la montée du Kawah Ijen se fait la nuit. Vous pouvez la faire le jour, mais moins d’intérêt, car vous louperez le travail des porteurs de soufre (j’y reviendrai..), les flammes bleues et un lever de soleil qui vous restera gravé pendant longtemps!

J’insiste, le Kawah Ijen doit impérativement être sur votre liste sur vous allez en Indonésie!

Sommaire

Mais, qu’a-il de particulier?

De Bali, comment s’y rendre?

La traversée

L’ascension du Kawah Ijen

Le cratère du Kawah Ijen

Le lever du soleil

Les porteurs de soufre: les pencari

Mais, qu’a-t-il de particulier?

Il y a deux grands volcans à Bali, le Mont Batur et le Mont Agung, alors pourquoi aller à Java pour aller en voir un – la nuit de surcroît ? Lorsque j’étais à Bali, le Mont Agung était interdit d’ascension car il venait d’entrer en éruption quelques semaines plus tôt. Le Mont Batur vaut le coup et je regrette de ne pas l’avoir fait (on ne peut pas tout faire…!) . Mais Java, c’est l’île des volcans! Il y en a 120 dont 17 toujours en activité! Mais le Kawah Ijen est particulier:

Il possède le lac le plus acide au monde. Avec sa couleur turquoise, il donne un charme dont vont se ravir les photographes en herbe!
Il culmine à 2400 mètres et donne une vue exceptionnelle sur l’île, notamment au lever du soleil;
Il abrite du soufre, qui est exploité. Vous découvrirez le métier le plus dur au monde: porteur de soufre. Je n’ai jamais vu des hommes aussi courageux, un métier aussi dur. J’en parle plus en détail plus bas.
Vous pouvez descendre dans le cratère, pour être au plus près des porteurs de soufre qui l’extrait. Et par conséquent, admirer les flammes bleues.

Si vous êtes un fan de Pekin Express, ce volcan peut vous dire quelque chose! En effet, lors de la saison 4 de l’émission, “La route des Dragons”, un épisode s’arrête au Kawah Ijen avec une épreuve d’immunité qui consistait, si ma mémoire est bonne, à récupérer un maximum de soufre et le porter comme les porteurs de soufre !

De Bali, comment s’y rendre?

Il faut passer par un prestataire, c’est ce qu’il y a de mieux. Java est moins touristique que Bali, donc pour se rendre en bas du volcan, dans la nuit, c’est très compliqué si vous y allez en solo… Pour ma part, j’avais pris BlueFlameTour et je ne peux que les recommander! Je ne suis pas sûr que vous pouvez y aller sans passer par un guide, mais à vérifier.

En passant par eux, ils viennent vous chercher à votre logement, vous emmènent au port de Gilimanuk, au Nord de Bali pour prendre le bateau jusqu’à Java – cela prend 1 heure environ – puis le guide qui va monter avec vous sur le Kawah Ijen vient vous chercher et s’occupe de tout! Pour le retour, idem! A noter que de Sanur, au sud de Bali à Gilimanuk, il y a 4 heures de route! Le temps de faire connaissance avec votre chauffeur! Malheureusement j’ai oublié le prénom du mien, mais c’était une rencontre exceptionnelle! C’était un jeune, très jovial et convivial, et qui rêvait d’aller en France! Bon, sur le trajet du retour, le lendemain, vous risquez de dormir la plupart du temps à cause de la nuit blanche que vous venez de vivre!

A l’arrivée au port, mon chauffeur passa la main à un intermédiaire…J’avoue que je commençais un peu à flipper…Ca avait l’air très artisanale comme organisation…Un jeune m’accompagna sur le bateau pour la traversée. Une fois arrivé à Java, il m’emmène vers mon guide qui s’occupera de moi pour l’ascension du volcan!

Nous sommes partis à 19h de Sanur, pour arriver un peu après 23h à Gilimanuk…très peu de temps avant le départ du bateau……! Arrivée un peu après 23h à Java, avec le décalage horaire.

Attention au décalage horaire! Il y a une heure de moins à Java qu’à Bali! Ne l’oubliez pas quand vous organiserez votre visite!

La traversée

Une belle expérience!! Sur ce bateau, le confort est assez rudimentaire. Dans la salle où j’étais assis, j’étais le seul européen à bord. Je pense qu’il s’agissait surtout de travailleurs javanais qui bossent sur Bali la journée et rentrent le soir chez eux. Si vous pensiez dormir un peu pour être prêt pour la nuit qui s’annonce, c’est raté ! Après quelques minutes de navigation, les autochtones ont commencé à préparer une télé, un micro….et s’improvisent un karaoké avec, je pense des tubes connus en Indonésie! Mais ça ressemblait plus aux casseroles de la Nouvelle Star…:D

A l’arrivée au port, le jeune qui m’accompagnait m’emmène chez mon guide. Là aussi, je ne me souviens plus de son nom, mais c’était une formidable rencontre! Un javanais de 20 ans, qui fait l’ascension plusieurs fois par semaine lorsqu’il n’est pas à l’université, pour payer ses études…Il m’annonce que je serai le seul participant, et par conséquent, j’aurais droit à un tour privé ! Cela me réjouit! A mon arrivée, il me propose des biscuits et de l’eau. Nous avons encore plus d’une heure de route, il me conseille de dormir pour être en forme pour la montée!

Vous arrivez au point de départ de l’ascension du Kawah Ijen : Paltuding.

L’ascension du Kawah Ijen

Paltuding, c’est donc le point de départ de l’ascension. Mais c’est également le campement des porteurs de soufre. Ils prennent un dernier café, un dernier repas avant de commencer leur nuit. Mon guide m’a emmené dans un des warung où ils étaient rassemblés.

Il est 1h du matin, il fait frisquet mais pas trop froid non plus. Nous pouvons débuter l’ascension! Il fait nuit, les torches montrent le chemin. Chemin que mon guide connaît par cœur. Il le fait plusieurs fois par semaine. Comme il fait nuit, il est impossible d’admirer le paysage. Patience, ce sera pour le retour! Vous ne serez pas seul. Il y a beaucoup de monde sur le chemin.

L’ascension n’est pas difficile. Il faut compter de mémoire 1h30, en faisant une pause. Au bout de 45min-1h, en s’approchant du cratère, c’est là que la difficulté arrive. Elle n’est pas liée au parcours ou au dénivelé, mais au soufre ! Lorsque le vent souffle vers nous, il transporte avec lui le gaz de soufre. Le masque à gaz est indispensable!! Il est fourni par mon guide. Si vous y allez par vos propres moyens, procurez-vous en! A un moment, j’ai voulu le soulever très légèrement pour voir si c’était si terrible que ça. Car sur le chemin vous croiserez des porteurs de soufre qui ont simplement un bout de tissu dans la bouche. J’ai tenu….3 secondes maximum…! L’odeur est insupportable et douloureuse! Comment font ces porteurs de soufre? Après 1h30, nous voilà au sommet, à 2400 mètres!!

Le cratère du Kawah Ijen

La nuit noire ne permet pas encore d’admirer la vue à 2400 mètres de hauteur, ni même le lac turquoise, le plus acide au monde. Ce qui retient l’attention de tous, c’est le cratère. Ou plutôt, ce qu’il se passe à l’intérieur. Les ouvriers s’activent à récolter le soufre à l’état liquide, qui, une fois refroidi, sera solide. Ils chargeront les paniers des porteurs de soufre, qui vont en avoir entre 60 et 80kg sur les épaules.

Ce qui attire l’attention, surtout des photographes, ce sont les flammes bleues! C’est à la fois déroutant et splendide! Le spectacle est incroyable! Je ne suis pas un scientifique, loin de là, je vous renvoie donc à cet article de Futura Sciences qui explique bien mieux ce phénomène! https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/photographe-inedit-etranges-flammes-bleues-volcan-kawah-ijen-indonesie-70246/

Elles ne sont visibles que la nuit. D’où l’intérêt d’y aller à 1h du matin! J’ai réussi à prendre quelques clichés, que je trouve réussis!

Vous pouvez entamer la descente vers le cratère. Mais attention, elle est beaucoup plus difficile que l’ascension du Kawah Ijen! Il faut tout de même une bonne condition physique. Les personnes âgées et les enfants en bas âge auront de très grosses difficultés à faire l’aller-retour.

Il y a énormément de monde qui va faire le même chemin que vous. Pour descendre, nous étions dans les premiers arrivants donc c’est allé relativement vite, mais pour remonter, on a mis une plombe….Pourquoi cela peut prendre du temps? Car les porteurs de soufre ont la priorité! Quand ils remontent avec leur 80kg dans le dos, vous devez les laisser passer! Logique! Descendre dans le cratère vous permet de mieux vous rendre compte du parcours que ces porteurs doivent emprunter. Ce sont des surhommes…

En bas, vous trouverez même une table où des mineurs ont sculpté du soufre pour en vendre aux touristes! Vous voulez ramener un souvenir du Kawah Ijen ? Original non? Mais c’est impossible ! Pourquoi ? Essayez! Et vous aurez à faire aux douanes de l’aéroport à votre retour, car il est interdit d’exporter du soufre!

Vous serez aussi juste à côté du lac acide, qui devient visible aux lueurs de flammes bleues et des frontales des mineurs! A moins que vous ayez des tentations suicidaires, il est évidemment impossible de s’y baigner!

Le lever du soleil

Après avoir exploré le cratère, vous pouvez vous diriger sur les crêtes du volcan. Essayer de trouver le meilleur spot pour vous poser et observer le soleil qui se lève. C’est fabuleux ! Vous découvrirez en même temps le paysage de l’île de Java. J’y suis arrivé de nuit, c’était la première fois! On y voit la mer, des volcans, des paysages à couper le souffle. On se rend compte que 2400 mètres, c’est bien haut!

Les photographes vont shooter, les instagirls vont prendre leur meilleur selfie et les amoureux se remémoreront ce moment pendant longtemps!

Baladez-vous ensuite sur les crêtes pour admirer les différents points de vue. Si vous avez de la chance, le lac sera parfaitement visible. Lors de ma visite, le brouillard le cachait en grande partie.

Lors de la descente vers votre point de départ, c’est l’occasion de découvrir la nature, la végétation et le relief, invisible la nuit.

Les porteurs de soufre: les pencari

Un des métiers les plus difficiles au monde. Les pencari, porteurs de soufre en Indonésie, font un travail d’une dureté incroyable et dans des conditions très sommaire. Vous les croiserez, vous découvrirez leur travail et vous lirez dans leur regard toute la difficulté de leurs tâches. Leur dos et leur corps abîmés en sont les témoins.

En quoi consiste leur métier? A porter du soufre! Ils partent à 1h du matin avec leurs deux paniers à balancier vide. Peu de protections, pas de masque à gaz, juste une légère écharpe qu’ils serrent entre les dents, certains ont des bottes, d’autres des sandales. Arrivés au cratère, ils chargent entre 60 et 80 kilos, qu’ils devront ramener au campement, où sont pesés les deux paniers. Ils sont rémunérés au poids. Plus ils en ramènent, meilleure sera la recette. Ils font deux trajets dans la nuit. Il faut avoir une force physique et volonté sans faille!

Comme expliqué dans la partie sur le cratère, la descente et la remontée sont assez compliquées pour le commun des mortels. Quand vous croisez ces pencari dans le cratère, avec 80kg sur le dos, vous vous rendez compte à quel point c’est difficile.

Il faut savoir qu’un porteur de soufre gagne beaucoup mieux sa vie que le travailleur javanais moyen. Sa principale motivation est de mettre sa famille à l’abri. Mais à quel prix….L’espérance de vie de ces porteurs de soufre est grandement réduite, due aux émanations de soufre qu’ils respirent…

Une fois les allers-retours nocturnes terminés, vous pensez que leur journée est finie? Pas pour tout le monde! Lors de la descente du volcan, j’ai pu croiser des porteurs de soufre qui remontaient au Kawah Ijen avec une brouette aménagée pour….les touristes qui ne peuvent pas monter eux-même le volcan….! Il s’avère que c’est très lucratif pour eux! Surtout quand les touristes sont généreux…Lorsque vous arriverez au point de départ en bas, vous en verrez quelques-uns qui sollicitent les touristes!

Bref, difficile de rester indifférent lorsque vous croiserez ces porteurs de soufre.